Tout sur le whisky !
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Le whisky, quelle histoire !

Le terme est gaélique, et c’est nimbé de l’aura de cette culture que le whisky nous apparait aujourd’hui. Sir Robert Bruce Lockhart déclara même que “l’histoire du whisky reste voilée dans les brumes de l’aube celtique”. Cependant, les toutes premières gouttes de ce breuvage sont à chercher du côté de l’Égypte et de la Mésopotamie, des terres qui ont accueilli les étapes fondatrices d’une tradition désormais riche d’une longue histoire.

Les origines du whisky, de l’aube des temps jusqu’au XIIème siècle

On trouve les premières expériences de distillation des parfums quelques milliers d’années avant Jésus-Christ, en Chine et en Égypte, puis en Inde, où l’on fabriquait de l’arak, une liqueur issue de la distillation de la mélasse et de la canne à sucre. Il semblerait que la technique ait également été utilisée à Chypre et au Pakistan, mais uniquement à des fins thérapeutiques.

C’est à partir de 432 après JC que l’art de la distillation gagne l’Irlande et l’Écosse, grâce au zèle des moines missionnaires qui la découvrent dans les pays qu’ils visitent. Une fois rentrés au bercail, les moines se mettent donc à produire de la bière et de l’eau-de-vie, appelée “uisce beatha” en termes celtes. Il s’agit alors d’une boisson à base d’herbes et de miel.

En 1170, alors que l’armée anglaise marche sur l’Irlande, les soldats se régalent de l’uisce beatha des moines, qui a beaucoup évolué. Le mot “uisce” devient progressivement “whisky” par un glissement sémantique subtil.

Parmi les moines évangélisateurs à qui l’on doit l’invention du whisky, c’est Saint-Patrick qui est le plus resté dans les esprits. Il s’agissait d’un moine Irlandais né en Écosse, ce qui n’a jamais aidé personne à déterminer une fois pour toute si le whisky était une boisson irlandaise ou écossaise.

Distilleries écossaises et irlandaises

Écosse comme Irlande possèdent les ressources fondamentales dont le whisky a besoin. Le premier whisky écossais a été identifié en 1494, et il n’était désigné à l’époque que sous l’appellation de “malt”.

Au XVIème siècle, c’est en Irlande que voit le jour la première distillerie officielle du monde, à Bushmills. En Écosse, ce sont de multiples petites distilleries clandestines qui prolifèrent, et il faut attendre 1823 pour que des accords officiels comme l’Excise Act donnent une légitimité à tous les acteurs du secteur.

Par la suite, ce sont les innovations techniques qui permettent au whisky d’évoluer. En 1826, c’est en Irlande qu’est mis au point un système de distillation en continu de l’alcool de grain. Et en 1853, mélanger les whiskies pour obtenir un blend devient une des trouvailles de la société irlandaise Glenlivet. Résultat d’une expérience de M. Usher, le blend permet d’associer différents goûts comme le whisky de grain et le whisky de malt, et se révèle globalement moins cher que le Single Malt.

En 1860, une catastrophe sanitaire ravage les vignobles : le Phylloxera vastatrix fait sombrer la production française de vin dans une période noire, ce qui permet au whisky de s’imposer comme l’une des boisssons préférées de l’élite, y compris dans l’Hexagone. C’est le début de la carrière contemporaine du whisky.

Go west !

Dans le sillon de l’Écosse et de l’Irlande, les États-Unis ont eu tôt fait de développer leur propre whisky. Le révérend Elijah Craig, en utilisant des fûts de chêne pour le transport, est ainsi à l’origine de ce que l’on appelle désormais le bourbon. La particularité du bourbon est d’être composé au moins à 51% de maïs.

Quelques années plus tard, la distillerie d’un certain Jack Daniels, dans le Tennessee, allait devenir une des marques les plus réputées du monde.

Une destinée sous le signe du drame

Après la catastrophe sanitaire du phylloxera vastatrix en 1860, c’est à nouveau un contexte sinistre qui profitera à l’essor du whisky : la criminalité née de la Prohibition américaine dans les années 1930. Les bars clandestins et les distilleries remportent un franc succès avec leurs bourbons illicites.

Par la suite, c’est durant la Seconde Guerre Mondiale que les soldats américains confirmeront leur goût pour le whisky.

La seconde vie du whisky dans les années 80

L’image du whisky auprès du public américain reste cependant associé à des produits de mauvaise qualité, qu’il s’agisse de l’alcool frelaté que vendaient les gangsters des années 30 ou des bouteilles que pouvaient s’offrir les G.I. en 39-45. Ce n’est qu’à partir des années 80 que le bourbon et le whiskey redeviennent des produits de standing aux yeux des consommateurs américains.

D’importants distillateurs de whiskeys américains commencent alors à s’imposer face aux Écossais : Buffalo Trace, Maker’s Mark et surtout Jim Beam se font une place de choix sur le marché, et le bourbon acquiert une renommée internationale.

A la même époque, le Single Malt whisky connait un regain de popularité dans le monde. L’Irlandais Glenfiddich est à la tête de ce mouvement, qu’il mène à l’aide de campagnes de publicité massives.

Le whisky gagne du terrain

Au début du XXème siècle, l’Irlande avait perdu sa position dominante, et 90% de la production mondiale de whisky est distillée en Écosse.

Au cours du vingtième siècle, un nombre croissant de pays se lance dans la course au whisky, chaque contrée proposant une itération spécifique : le Japon fut le premier à émuler les pays celtiques, notamment grâce aux efforts de Masataka Taketsuru, puis vinrent le Canada, l’Autriche, l’Allemagne, la Grande Bretagne, la Suède, l’Australie, et bien entendu la France. Plus étonnant, le whisky taïwanais a fait son apparition récemment pour le plus grand plaisir des amateurs de diversité.

Aujourd’hui, les whiskies canadiens et japonais tiennent régulièrement la dragée haute à leurs concurrents écossais, irlandais et américains.

En ce début de XXIème siècle, même si de nombreux whiskies existent de par le monde, la réputation des produits écossais et irlandais reste très prestigieuse. En Irlande, il n’existe pourtant plus que trois distilleries encore en activité : Bushmills, Cooley et Midleton. Ce dernier est le regroupement de trois distilleries historiques : Jameson, Power (respectivement créés par les fameux John Jameson et John Power) et Cork Distillery.